Seito Akamatsu avait mis pied à terre, foulant cette terre quelque peu argileuse.

Ils avaient chevauché à vive allure, enveloppés dans les ténèbres d’une nuit étoilé et ne s’étaient guère adressés la parole entre eux. Seito était en charge de mener cette escouade à la victoire. Il n’avait pas dormi durant les heures précédentes leur départ. Il devait composer une tactique avec le potentiel mis à sa disposition. Il parut amusé de penser qu’il lui était plus facile de coordonner l’action de milliers d’hommes, que celle des trois hommes qui le suivaient. Trois alliés imposés. Deux issus des deux clans, dont la rivalité était légendaire et dont la haine mutuelle et naturelle avait été entretenue avec grand soin durant des siècles. Combien de temps restait-il avant qu’ils ne décident de s’entretuer ? Le dernier suscitait tout l’intérêt du jeune seigneur. Kamiizumi Musashi, l’orphelin le plus célèbre d’Ôyashima. Toute la difficulté était de connaitre sa véritable identité. Seigneur indépendantiste ou servant officielle de la Démone du Sud, dont l’un des désirs les plus chers était d’anéantir la dynastie Akamatsu, jusqu’au dernier nouveau-né. Etait-il l’incarnation même des idéaux de son père ou la meilleure stratégie jamais conçue par le clan Sakuma ? Tellement de questions se précipitaient dans sa tête, alors qu’il s’apprêtait à franchir la porte des Enfers avec eux.

Elle était là, au centre d’un espace dégagé de toute vie. Imposante, grandiose et magnifiquement sombre. Sa hauteur colossale masquait la lumière, de telle sorte, que le versant faisant face aux quatre guerriers était plongé dans l’ombre. Un portail entre l’Ombre et la Lumière. Elle était ainsi figée dans l’espace et le temps, comme si les derniers rayons de soleil se refusait à tirer complètement leur révérence.

La tour Tô était un vestige du passé. Un de ses nombreux lieux maudits chargés d’une aura toute particulière. Elle avait été respectivement un lieu de culte obscur, une forteresse imprenable, un tribunal temporaire pour les criminels de guerre (ennemis de l’Empire évidemment). Finalement abandonnée, elle abritait désormais en son sein le chaos, qui faisait trembler tout un empire.

« Redresse-toi Takanori Shigeru. Là où nous allons, les salutations protocolaires ne sont pas requises »

Tout en disant cela, il dépassa le samurai. En réalité, il était le plus attaché de tous au respect du code, mais il lui parut important de mettre ces hommes en confiance. Tous avaient leur raison de haïr sa personne et ce qu’elle représentait. S’il s’imposait comme l’autorité en ce lieu, il n’obtiendrait rien d’eux et il ne savait pas encore à quel point ils lui seraient utiles pour cette mission. Et puis, il ne s’agissait pas vraiment d’un champ de bataille traditionnel…

« Terrifiante n’est-ce pas ? »

Il s’adressa particulièrement à l’adorateur d’Izanagi, un semblant d’excitation dans la voix.

« Selon les dernières informations, il n’y a aucune surveillance extérieure et aucune autre ouverture, si ce n’est celle que nous voyons d’ici. Inutile de vous préciser qu’aucun des hommes, ayant franchis cette porte, n’en est ressorti. »

Il se tut un instant, un sourire aux lèvres.

« Certains disent que votre fougue n’a d’égal que votre folie… Il me tarde de vérifier si les rumeurs sont justes ! »

Sans un mot de plus, ils s’avancèrent à pas feutrés jusqu’aux portes de l’enceinte.

Malaise. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire ce que Aoi ressentait à l'instant présent, face à la tour.

Il avait passé le voyage à moitié crispé sur sa monture. C'était la première fois de sa vie qu'il montait sur un cheval et, dès le premier kilomètre parcouru, il s'était juré qu'il essayerait à l'avenir d'éviter le plus possible de monter à nouveau sur un de ces animaux. Plus sérieusement, ce n'était pas de là que venait ce sentiment qui le dérangeait. Il fallait avouer que tout les critères étaient réunis pour le mettre dans l’embarra ; premièrement, c'était seulement sa deuxième mission et la première qui impliquait de se battre. Deuxièmement, les informations que lui avait fournis son sensei en venant le chercher avaient tout pour le faire douter de sa survie futur. Troisièmement, il avait finis dans un groupe qui semblait avoir été formé de telle façon qu'il n'avait que l'envie de disparaître. Trois samouraïs, deux chefs de clan dont le niveau n'était pas à remettre en cause, et le troisième, membre du clan rival d'Hayashi.

« Fujin-sama me hait, c'est clair et net... » Avait soupiré le ninja lorsque Kiyosuke-sensei lui avait annoncé ses futurs compagnons de route.

Une éternité semblait s'être écoulé depuis son départ de Furrashu. Au point de rencontre, il avait lancé son cheval à la suite du garde sans un mot et pas une parole n'avait été échangée depuis. Sur le chemin, le jeune homme avait brièvement observé ses camarades et avait clairement constaté qu'il se retrouvait non seulement le seul ninja mais aussi le plus jeune, les autres membres du groupe ayant certainement dépassé la vingtaine. Par conséquent, ils avaient sûrement déjà l'expérience des combats et Aoi commençait à sérieusement douter d'être à la hauteur. Et s'il venait à perdre le contrôle de lui même ? A se révéler trop faible ? C'est donc le regard vague, perdu dans ses pensées qu'il avait parcouru le chemin jusqu'à la tour.
C'est à peine s'il écouta le garde lire son parchemin ou plutôt, leur lire ce qui sonnait comme une condamnation à mort.

« C'est bon, on est courant... » Avait-il murmuré pour lui même.

Puis ils avaient poursuivit leur chemin, sans le garde, pour arriver à la tour.

Lorsqu'ils s’étaient arrêté, Aoi n'était pas tout de suite descendu de sa monture, happé par la vue de la tour, mal à l'aise Elle était immense, sombre, imposante...effrayante.

Il fut sortie de son malaise par une voix annonçant son nom et son clan. Il baissa les yeux pour voir les autres membres du commando et constata que non seulement ils avaient tous mis pied à terre mais que l'un d'eux, sûrement celui qui venait de se présenter, s'était incliné légèrement. Le ninja roula des yeux en descendant de son cheval.

« Ahh, les samouraïs... » Soupira-t-il doucement.

Il alla attacher son cheval à un arbre en écoutant ce que disaient les autres pendant ce temps. Dans le même mouvement, il repensa au garçon qui s'était présenté. Tananori Shigeru. Ryûzoji. En théorie, son rival. On lui en avait raconté, des histoires sur le clan Ryûzoji. Devait-il haïr ce garçon ? Il n'aimait déjà pas sa façon de se soumettre devant les autres seigneurs de clan. Hors de question qu'il en fasse autant, tout inférieur qu'il soit.
Sa monture attachée, il rejoignit les autres. Levant la tête, il scruta la tour de ses orbes hétérochromes, comme s'il espérait pouvoir deviner ce qui les attendait exactement à l’intérieur de cet endroit. Le shinobi se mordit la lèvres inférieur. Les oiseaux ne chantaient pas, ils criaient. Associés à la vision de cette bâtisse, c'était, comme l'avait dis les seigneurs, ''terrifiant''.

« Malsain... » Ajouta Aoi en tentant de cacher son trouble.

Il rajusta sa tunique blanche par dessus son haut noir brodé de l'insigne de son clan, vérifia rapidement la présence de ses armes – ses kodaichis Genjitsu et Yume, shakens, sarbacanes, fléchettes – avant d'inspirer profondément et de suivre les seigneurs

Musashi regarda l'homme brûler dans les flammes du Dieu courroucé. Un spectacle insultant accompagné d'un meurtre gratuit. La victime se fit dévorer par le feu accusateur, manipulé avec brio, par le fou de l'Empereur du Soleil. Les regards des deux Seigneurs se croisèrent. Seito put lire l'indignation et la colère, en réponse au geste fanatique de ce dernier, dans les yeux du jeune Kamiizumi. Celui-ci ne regarderait plus le neveu de Tennô de la même façon. Les Akamatsu étaient décidément prêts à tout pour garder le pouvoir intact.

Un nouveau passage s'ouvrit. Ils empruntèrent le chemin sans un mot, l'odeur pestilentielle de la mort rodant dans les couleurs. Une grande salle éclairée par des fines fenêtres s’offrit à eux. Soudain, des épais nuages toxiques sortirent des murs avec un sifflement puissant ! Musashi s'appuya sur le mur derrière lui en s'attrapant la gorge tandis qu'il s'étouffait sous les effets de ce gaz neurotoxique ! Il toussa à de multiples reprises avant de rouvrir les yeux en direction du Seigneur qui était à ses côtés. A travers les nuages qui avaient cessé de sortir des orifices muraux, il put voir la silhouette de Seito entrain de s'étouffer aussi.

- Mais... *tousse* ... Qu'est-ce que... *tousse* ... Que sommes-nous entrain de respirer ?!

Ses sens étaient altérés. Il posa la main gauche sur le mur pour se remettre droit. Un mal de crâne terrible résonnait entre ses tempes. Il toussa de nouveau avant de diriger ses pupilles humides vers son homologue. Sa silhouette était droite et tournée vers lui. Le brouillard diminua. Le Seigneur Akamatsu dégaina son katana brutalement. Les nuages disparurent...


- Seito ..?



L'homme le plus puissant du Pays eut un rictus néfaste. Le visage de Musashi se dépita. Le Roi d'Ôyashima tendit son bras armé vers le ciel. Tout fut clair pour le Seigneur du Sud. Tout était faux. Toute cette quête avait été mise en scène pour tuer tous les Seigneurs ! L'Empereur dans sa mégalomanie voulait supprimer toutes les personnes puissantes de ses terres afin de garder son empire ! Le bras du Demi-Dieu s'abattit lourdement sur Musashi ! Celui-ci attrapa la poignée de son Nodachi et le sorti de son fourreau à une vitesse prodigieuse. Un son strident suivi d'un éclat métallique résonna dans l'étage de la tour de la désolation ! Les deux lames, l'un contre l'autre, produisaient des étincelles sous la force des deux combattants.


Musashi redoubla d'effort et repoussa le katana de son ennemi. Il pris appui sur son pied droit et s'élança en avant en basculant son arme derrière lui ! Quand il arriva à bonne distance de son adversaire, il contracta ses bras et envoya un puissant coup d'estoc vers l'estomac de Tennô ! La vivacité de l'attaque montra les vraies aptitudes au combat du dernier Kamiizumi ! Un puissant cri de rage se fit entendre aux alentours du monument.

Aoi dissimula le choc qui le frappa lorsque le samouraï d'Akamatsu lança le prisonnier dans les flammes. il sentit sa gorge se serrer douloureusement, ce qui l'empêcha néanmoins de lancer une remarque mal placé sur sa vision de l'importance de l' « Honneur ». En tant que seul ninja coincé dans une tour maléfique avec trois samouraïs dont deux seigneurs et un membre d'un clan rival, il valait mieux pour lui qu'il tienne son orgueil en laisse. Et accessoirement, arrêter de réfléchir à la question ''Qu'est ce qui est le plus important entre la valeur de la vie d'un être humain et le « devoir » ?''. Après ce qu'il venait de se passer, il n'y avait plus de doutes sur le fait que ce qui les attendait dans les salles suivante n'allait pas être joli à voir.

''Bon sang mais qu'est ce que j'ai fais pour être envoyé là dedans...'' Pensa le jeune homme.

Il suivit les deux hommes qui avaient pris la tête du groupe tandis que Shigeru marchait à ses côtés. Ils arrivèrent à l'étage suivant, semblable à celui qu'ils avaient franchis ; des murs en pierre, il faisait sombre et cette ambiance malsaine persistait. Aoi se mordit la lèvre inférieur, légèrement anxieux. Des murs qui avançaient, une énigme et un homme à exécuter de sang froid, qu'est ce qui allait arriver ensuite ?
Le shinobi ne tarda pas à recevoir sa réponse. Il vit le seigneur Kamiizumi s'appuyer au mur en s'attrapant la gorge, toussant bruyamment en même temps que l'homme à ses côté avant de se sentir à son tour pris d'une sensation étouffement. Par réflexe, Aoi jeta des regards de tout les côtés à la recherche d'un quelconque ennemi. Réflexe idiot en soit. Il n'y avait rien à esquiver. Il n'y avait rien à parer. Ce gaz était une sorte de fatalité qu'il fallait endurer. Et s'il y avait bien une chose que le jeune homme redoutait, c'était de ne pas savoir quoi faire en situation difficile. Il attrapa le col de sa tunique à deux main, grimaçant, haletant, tentant désespérément de respirer. La crise d'angoisse approchait à grands pas et il avait intérêt à la contrôler. Cependant, le problème se révélait plus complexe que cela. Ce n'était pas gaz ordinaire. Il sentit sa tête commencer à tourner, ses sens se brouiller.

« Neurotoxique ?! » S'étrangla Aoi.

Il avait vaguement étudié les gaz et les poisons durant sa formation de ninja. Mais dans le cas présent, ce qu'on lui avait enfoncé dans le crâne ne lui servait strictement à rien ! Il porta une main dans son dos, l'autre toujours agrippée à son vêtement, pour saisir la poignée de Yume, l'un de ses kodachis. Pour se rassurer ? Sans doute, car les armes n'était pas très efficace pour combattre les gaz. Lorsqu'il releva la tête, il se dit que sa lame allait finalement lui être utile. Le Ryûzoji avait disparu, de même que les deux autres samouraï. A la place se tenait une silhouette noire. Sur la face de sa tête se trouvaient deux ronds blancs luisant. Un rictus malsain se dessina en dessous des yeux.
Aoi se sentait affreusement lourd et maladroit. Il lui sembla que tout tournait, que l'air l'enfonçait dans le sol. Sa respiration se fit sifflante. L'apparition l'angoissait au plus au point. Il se sentait vulnérable et il détestait ça.
Puis la forme changeât pour prendre une apparence divine. Il l'avait vu sur des gravures.

« Et voilà que je vois le dieu vénéré par le clan Ryûzoji maintenant. »

Car c'était bien la divinité de la foudre qui se tenait devant lui. Le ninja en avait la certitude ; il ne contrôlait pas la situation. Cette constatation acheva de laisser l'angoisse s'installer. Et cela allait finir en crise de panique si cette hallucination – en était-ce une?- ne disparaissait pas rapidement. Il se sentait complètement paranoïaque sur le coup. Et l'éclair que brandit soudain l'entité n'aida pas à lui faire penser le contraire. Elle attaqua. Trop rapide. Sûrement trop puissant pour être paré de toute façon. L'attaque visait sa gorge.
Ce fut un violent spasme qui lui évita la mort, le forçant à se pencher brusquement sur le côté. L'éclair – la lame ? - ne manqua cependant pas de s'enfoncer et de traverser son épaule.

« Gaargh ! » Cria-t-il sous le coup de la douleur.

Son sang pulsait douloureusement dans son crâne. Le visage crispé, il parvint à lever sa jambe et à l'envoyer contre son agresseur, tout en tentant un coup avec son kodachi, visant aveuglément. Un nouveau spasme lui tordit les entrailles et il dû se pencher en avant pour vomir. Était-ce l'effet de la douleur, du gaz ou de la panique ? Il n'aurait su le dire.

L'Empereur avait esquivé son attaque. Son coup parfait avait été balayé d'un simple pas sur le côté. Son cœur s’accéléra. Du sang coulait le long de son Nodachi. Musashi tourna son visage vers la droite pour voir les dégâts causés par son arme. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit son ennemi dégainer sa deuxième lame pour foncer vers lui ! Les battements tambourinaient dans sa cache thoracique. Les deux pointes métalliques visaient deux de ses points vitaux. Tout s'agita autour du dernier Kamiizumi ! Tennô ne pouvait pas gagner !

Les jambes et la ceinture abdominale de Musashi se contractèrent. Il lâcha son long katana et fléchit légèrement les genoux avant de bondir dans les airs en balançant ses bras en arc de cercle ! Son corps entier se retrouva à l'horizontale dans les airs. Le balancement de ses membres supérieurs lui permit d'avoir sa tête face son adversaire et de tourner sur lui-même toujours à l'horizontale. La lame du katana passa en dessous de sa silhouette suspendue dans les airs. Il tendit les bras et attrapa les poignets du Roi ! Le wakizashi trancha l'avant-bras gauche de l'imprévisible Kamiizumi. Son visage grimaça. Il serra fortement les articulations de ses deux mains avant de retomber lourdement sur le sol, entrainant son ennemi avec lui dans la chute ! Le choc fut brutal lorsque son corps tomba d'un bloc !

Musashi, allongé sur le sol, ouvrit ses pupilles semi-conscientes pour les diriger en direction de l'Empereur... Sa vision se brouilla. L'homme face à lui ne cessait de changer d'apparence lorsqu'il clignait des yeux. Il pris appui sur les paumes de ses mains pour se relever avec difficulté. Il se frotta les yeux tout en ne quittant pas du regard son opposant. Les images ne s'arrêtaient pas de ses brouiller... Tennô... Seito... Tennô... Seito... Tennô...

Le Seigneur Kamiizumi hurla le nom de son homologue pour tenter de le ramener à la raison ! Il regarda alors sur son flanc gauche et découvrit avec stupeur le combat qui se déroulait entre les deux rivaux.

- Nous sommes drogués ! Nos sens sont trompés ! Il faut les arrêter ! Il pointa vivement son index vers le Samouraï et le Ninja. Venez avec moi !

Musashi crispa ses cuisses et se mit à courir en direction du duel sanglant entre les deux hommes ! Sa blessure lui brulait le bras mais il devait empêcher l'irréparable. Il sprinta à toute vitesse avant de se propulser violemment vers l'abdomen de Teru ! La collision de son plaquage devait le ramener à la réalité ! Il le fallait !

Aoi sentit quelque chose le frapper en plein dans l'abdomen, le propulsant brutalement contre le mur derrière lui. Le corps du ninja heurta durement la pierre et le choc lui coupa un instant la respiration. Tout devint à nouveau flou. Puis la lumière, bien que faible, sembla revenir. Le jeune homme, ferma les yeux, prit une profonde inspiration. Il ouvrit les yeux et retrouva avec un certain soulagement la salle et ses trois compagnons de quête. Analysant ce qui l'entourait, le shinobi fit le point dans son esprit de nouveau clair ;

''Donc Raijin, c'est l'autre taré de samouraï qui a faillit me transformer en brochette de dangô, la chose qui m'a gracieusement envoyé contre le mur, c'est le Kamiizumi, et celui qui m'a évité, d'une certaine manière, de finir en décoration mural assortie au reste de la tour, c'est l'Akamatsu...''

Temps de réflexion...

''Gnnn, je me suis fait sauver la mise par des samouraïs...''

Après avoir reçu un signe de tête de son rival, genre ''Ne t'attends pas à des excuses...'', ce dernier prit le chemin de la salle suivante. Décidant de ne pas s'en formaliser plus que cela,  Aoi leva les yeux au ciel, et, prenant appuis sur le mur, se releva prudemment. Après s'être assuré que son estomac n'allait pas encore lui jouer des tours, il essuya ce qui restait de bile sur son visage avec sa manche, récupéra son arme et la rengaina. Il inspira de nouveau et s'inclina brièvement vers les deux seigneurs qui lui avaient, mine de rien, empêché de finir le voyage ici même.

« Merci. A vous deux. » Lâcha-t-il.

Il se redressa et prit le chemin de l'escalier suivant.

« Allez, finissons-en avec cette comédie... » Grogna-t-il. « Tout ça pour un miroir... »

Arrivé dans la nouvelle salle, il observa prudemment la nouvelle apparition.

« Des membre du clan Naitô... » Supposa-t-il à haute voix.

Une chose était certaine ; il n'aimait déjà pas le regard de l'homme assis.

La voix du seigneur banni de l’Histoire se dispersa  un moment encore  en écho dans la vaste pièce. Lorsque la dernière résonance se dissipa. Akamatsu Seito se démarqua des autres en s'avançant d'un pas. Il tenta de dissimuler les blessures psychiques et morales que les épreuves auxquelles ils avaient fait face l'instant d'avant, lui avaient infligé. Peu importe la souffrance,  l’épuisement et le ton condescendant de leur hôte funeste ;  quelle qu’en soit l’issue, la quête touchait à sa fin ici même. Ils le savaient tous.

"Mais méritent-ils que nous les sacrifions à la suite de votre propre folie, Naitô Saburo ?"

Son attitude implacable. Son cynisme légendaire. Il avait plongé son regard accusateur  dans celui de son opposant.

"Car vous n'avez pas l'air si différent de l'homme que vous abhorrez."

D’un simple changement de timbre et d’éclat, lentement, la médisance fit place à une ardente sincérité.

"Si votre ultime souhait est la paix... Si votre désir le plus secret est en réalité de préserver les peuples, en accomplissant un tel projet, alors maintenant et en ce lieu remettez-nous le miroir de Yata."

Bien que le stoïcisme fût de rigueur,  ses paroles semblaient emplies d’un profond respect pour l’homme qui se dessinait comme l’initiateur de cette situation.

"Je vous fais la promesse,  Seigneur Naîto, sur mon Honneur et celui de mon peuple,  que les reliques seront scellées et protégées pour qu'elles ne servent jamais les sombres desseins d’une puissance malveillante. Moi, Seito Akamatsu, seigneur de mon clan et dernier descendant de ma lignée, y veillerai personnellement !"

Les hallucinations passées avaient-elles éveillées en lui un désir ardent de réformer ce pays et l’instance dominante ? Une crédulité si grande qu’il accordait désormais la raison à son adversaire et  la sagesse à son empereur ? Un idéalisme tel qu’il renonçait à la force des armes et à  l’ordre d’exécution des conspirateurs ?

Ses mains ne reposaient pas sur les manches de ses lames, mais appuyées contre son dos. Il avait agité ses doigts comme par nervosité. Pourtant en langage de guerre, ils avaient distinctement signifié :