Kikue fronça le nez en signe de contrariété lorsqu’elle se rendit compte que la visiteuse la détaillait du regard. Elle avait horreur d’être ainsi jugée, mais son séjour au camp de la Mort avait opéré bien des changements, et la jeune ninja n’esquissa même pas la plus petite moue de reproche, ni une grande réplique cinglante dont elle seule avait le secret. Seulement, elle devait aussi avouer que dès le premier regard, elle aussi s’était mise à la détailler rapidement, remarquant au passage le nombre, plutôt impressionnant, d’arme que la jeune femme portait sur elle.
Se contentant d’observer son interlocutrice, et de l’écouter en silence, Kikue inclina la tête, signe qu’elle avait bien compris la situation. A la réflexion de l’invitée sur l’attitude du garde, la jeune noble foudroya ce dernier du regard. Quelle honte à son clan ! Mais l’heure n’était pas aux réprimandes. Kikue n’avait aucune idée du clan dont faisait partie la jeune femme, mais elle n’était pas moine ou prêtresse, c’était certain. Aussi, la nièce s’efforçait d’être accueillante tout en gardant une certaine méfiance. Il ne manquait plus que ça, un meurtre au palais.
« Le Seigneur Jinpachi est occupé, il ne peut vous recevoir. Suivez-moi, je vais m’occuper de vous. »
Tournant le dos à la visiteuse, Kikue la guida de l’autre côté d’un jardin, dans un petit salon de réception. Appelant une domestique, elle commanda du thé et prit place d’un côté de la table basse. Agenouillée sur le tapis, elle invita Nyria à faire de même.
« Vous n’avez répondu qu’à la moitié de ma question tout à l’heure. Puis-je savoir qui vous êtes et l’objet de votre visite ? »
Son ton était calme et posé, mais ses yeux presque noir fixaient la visiteuse comme s’ils voulaient la transpercer. C’était un signe que Kikue ne permettrait aucun débordement de violence.