Le sang jaillit, scellant la force de leur alliance. La puissance d’Asahi et la folie de Saishin. Leur stratégie avait été parfaite. La victoire était leurs.

Akamatsu Seito se releva. Bien que meurtri et grandement affaibli, sa marche fut déterminé et son attitude ne laissa transparaitre aucune faiblesse. Sa main ne tremblait plus. La pointe de son katana effleurant le sol, gravant une fine trace de son passage, se rapprochait, encore, inexorablement du dernier des Naitô. Ses pas furent rythmés par les derniers mots du condamné. Dernière plainte solennel, chargée de regrets pour le passé et de mise en garde pour l’avenir. Le jeune héritier du trône ne parut pas y prendre garde ; en apparence du moins…

« Naitô Saburo. Vous avez été reconnu coupable de haute trahison envers l’Empire et de blasphème impardonnable envers les dieux. La justice impériale vous condamne à la peine capitale. »

En cet instant, ses mots avaient été sévères et graves, mais ses pensées furent pourtant troublées. Il avait réussi. Il s’apprêtait à exécuter cet ennemi redoutable, pourtant il ne put refouler cette vague d’admiration et ce profond respect qu’il ressentait pour son adversaire. Le dernier seigneur d’un clan du passé, se battant ardemment pour survivre dans une époque qui n’était plus la sienne. L’harmonie de ce monde nécessitait donc indéniablement le sacrifice des rancœurs et de la haine d’antan. Tant bien même les hommes qui les personnifiaient, regardaient la mort avec une fierté et une droiture inégalée, tant bien même ils avaient été les figures emblématiques d’une histoire révolue.

« Puissent les dieux avoir pitié de votre âme. »

Le silence. Puis le bruit de l’acier fendant l’air, vif, précis et inéluctable…

Durant un instant, il sembla au jeune ninja que tout s'était arrêté ; le combat entre le second ennemi et les deux seigneurs derrière lui, la respiration du samouraï en face de lui, les mouvements du capitaine contre lui. Il n'y avait pas d'alternative ; soit ils avaient réussit et le Naîto périssaient, soit il avait échoué et c'était la fin pour eux. Il attendit, tous les muscles de son corps contractés à en souffrir.
Puis il sentit un poids tirer sur ses bras. Aoi n'avait plus la force de retenir quoi que ce soit. Aussi, il lâcha la poignée du katana et distingua sans vraiment la voir la silhouette de l'homme devant lui s’effondrer sur le sol. Le son du corps contre la pierre résonna vaguement puis se tut. La lame resta plantée dans sa chair.
Le shinobi tenta de reprendre sa respiration, inspirant et expirant autant d'air que lui permettait ses poumons à un rythme saccadé. Il hésitait à relâcher ses membres de peur de ne plus tenir sur ses jambes. Il baissa les yeux sur le cadavre.

''Il est mort.'' Se dit Aoi. ''C'est terminé. Le combat est finit.''

Lentement, il laissa retomber ses bras à ses côtés. Puis il consentit à détendre ses épaules, sa nuque, ferma les yeux, se concentra sur son souffle. Il inspira doucement l'air putréfié de la pièce. Puis, vacillant, il chancela lentement vers le mur le plus proche, les jambes tremblantes. Son épaule blessée heurta la pierre, il grimaça. Il pivota maladroitement pour appuyer son dos contre le mur et se laissa glisser jusqu'au sol.

« Bien joué, Takanaori Shigeru . » Lâcha-t-il à l'adresse de son...allié. « Ta stratégie était bien pensée... » Après un temps, il ajouta. «...Nous avons réussit. »

Il esquissa un faible sourire. D'après ce qu'on lui avait enseigné, jamais il n'aurait dû avoir à dire cette phrase à l’adresse d'un membre du clan rival. Il ouvrit les yeux, posa ses orbes hétérochromes sur le corps du Naîto.

« Coriaces, ces bêtes là. Assez...chiantes pour ainsi dire en fait. » Tentatives d'humour foirée, bonjour ! L'Hayashi soupira doucement. « Malgré tout ce qu'on m'a enseigné sur ton clan...et sur les samouraïs en général...Je dois reconnaître que...tu a été un allié de valeur, Takanaori Shigeru. » Il tourna la tête vers le dénommé. « Prends le comme tu veux. Les gamineries passés de nos clans, je m'en contrefiche. Je sais reconnaître une aide opportune.»

Arh, l'orgueil en prenait un coup ! Mais pourquoi disait il tout ça ? Il regarda vers les deux seigneurs et constata que le combat était terminé là bas également.

«Même si je me doute », il se tourna de nouveau vers Shigeru, « que ce n'était que dans le but de la mission. Je te l'ai dis, penses ce que tu veux ». Aoi porta son regard sur le mur en face de lui. « L'autre con est mort, l'empereur machin-chose sera content, Hayashi aussi, tant mieux, tout le monde est content, woouu !» Il tenta d'accompagner son onomatopée d'un mouvement de hola mais ne l'acheva pas en ressentant la douleur de ses blessures. Vivement qu'ils sortent d'ici pour en finir définitivement.
Le ninja regarda de nouveau les deux seigneurs, attendant la suite des événements.